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les propos de madère
1 mars 2015

Les propos de Madère

Le poison de la division

 

Nous sommes maintenant à trois semaines des élections départementales. Les sondages fleurissent et laissent apparaître une probable poussée du Front national. Il est clair qu’elle risque d’être favorisée par la division qui règne à gauche. En effet, dans de nombreux départements les forces de gauche partent à la bataille en ordre dispersé. Parti socialiste et PRG d'un côté, Verts et Front de gauche de l’autre. Rares sont les cas où l’un de ces deux partis a accepté de faire liste commune avec le Parti socialiste.

Discussions et négociations pour surmonter cette situation de division n’ont pas abouti. Tout le monde sait pourtant que le risque encouru est de ne pas être au deuxième tour de cette élection des futurs conseillers départementaux. En effet, en plus de la menace FN, les choses risquent de se compliquer en raison de l’abstention importante et du système électoral exigeant d’obtenir 12,5 % des inscrits au premier tour pour maintenir les candidatures au second.

Personne n’ignore que le refus d’union de la gauche fait non seulement le lit du FN mais aussi de l’UMP qui se présente le plus souvent dans le rassemblement avec les diverses familles du Centre sous la dénomination commode de « divers droite ».

Sarkozy s’apprête à triompher et à se présenter en grand mamamouchi de l’Union des droites, ce qui lui permettra en outre de faire un pied de nez à Juppé, chantre du front commun avec le Centre.

Cela ne paraît avoir aucune importance pour les dirigeants du Front de gauche et les Verts. Ils sont, d’apparence, installés dans une position suicidaire. Ils semblent ainsi n’avoir cure de l’échec pour eux mais aussi pour l’ensemble de la gauche.

En politique il convient toujours d’éviter – même lorsque les calculs des uns et des autres sont risqués – la naïveté. Ainsi convient-il de ne pas oublier que jusqu’ici, tant les Verts que le Front de gauche ne détiennent que peu de mandats de conseillers départementaux (ex conseillers généraux). Ils n’ont pas grand-chose à perdre.

Leur stratégie est autre. En vérité, ils veulent vérifier à l’échelle du pays – pensent-ils à petit prix – leur capacité, en se comptant, de mettre en œuvre une alliance nouvelle, excluant le PS et réunissant exclusivement Front de gauche et Verts. Les rares fois où ce genre de tandem a été constitué, les scores furent sans appel tant ils étaient mauvais. Ils pensent sans doute que les temps ont changé… et font l’impasse sur la menace FN.

Tout cela n’est en réalité que calcul. Ils veulent affaiblir le Parti socialiste et, pourquoi ne pas le dire, faire battre ses candidats. Cette stratégie est mortifère. Ils y mettent pourtant  l’espoir de créer les conditions d’une modification des rapports de force à gauche débouchant sur la constitution d’un nouvel ensemble politique à l’opposé de la social-démocratie honnie actuellement au pouvoir.

Beaucoup d’entre eux gardent cependant prudemment un pied dans la majorité présidentielle tant ils perçoivent les dangers de l’aventure dans laquelle ils se lancent.

Par contre, Mélenchon qui a brûlé depuis longtemps ses vaisseaux, travaille, aidé plus ou moins par le Parti communiste et les Verts, à essayer de débaucher de leur groupe à l’Assemblée nationale les députés « frondeurs » socialistes. Il ne cesse de les appeler à voter contre les textes gouvernementaux et à rejoindre l’opposition dite de gauche. Celle « chimiquement pure » – croit-il – et qui n’a pas les mains dans le cambouis de la gestion gouvernementale ! Foin pour lui des compromis inévitables lorsqu’on assume les responsabilités du pouvoir. Il vitupère, excommunie et divise. Jusqu’ici notons qu’il ne fait pas recette et que ses appels ne sont pas entendus.

D’évidence cependant si au sein du groupe socialiste n’existait pas, de manière constante, une fraction de contestataires qui veulent imposer une ligne différente de celle de la majorité, les tentatives de divisions du leader du Front de gauche auraient moins d’écho médiatique. En outre, elles ne donneraient pas prise à l’évocation d’une éventuelle altération de la majorité présidentielle. On ne peut certes – répétons-le - interdire à des parlementaires d’exprimer des nuances et des souhaits d’inflexion de la politique gouvernementale mais cela ne devrait pas aller – surtout après discussion démocratique au sein du groupe socialiste – jusqu’à la menace de voter contre les textes gouvernementaux.

Ceux qui vont jusque-là à l’Assemblée nationale se trompent de lieu d’opposition à la ligne politique du Parti. Qu’ils patientent encore un peu et ils auront tout loisir d’exprimer leurs positions lors du Congrès du PS en juin prochain.

Dans cette attente qu’ils cessent leurs postures et de jouer avec les allumettes en risquant de mettre en péril, pour soi-disant des bémols, une politique qu’ils disent approuver « dans son ensemble ».

A la veille des élections départementales dont tout le monde sait qu’elles vont être  difficiles pour la gauche, ce n’est pas le moment d’attiser les ferments de la division. Si les Verts – pas tous loin s’en faut – et le PC, sous influence de Mélenchon, prennent le risque de fissurer la majorité présidentielle et ainsi d’un échec aux prochaines élections de mars, les socialiste ne peuvent, eux, alimenter la division.

Au lieu de se perdre dans des querelles byzantines, qu’ils fassent, pour le moment, campagne et aident les candidats du Parti socialiste à gagner cette bataille.

Le reflux annoncé, claironné, peut être, à tout le moins, contenu dans bien des départements. Pour cela – nous ne le redirons jamais assez – faut-il encore que les contestataires se mobilisent et mettent entre parenthèses quelques divergences car dans l’immédiat le combat à mener ne se situe pas en interne au sein du PS. Il est sur le terrain là où sont les abstentionnistes et les véritables adversaires : le FN et la droite en général. Qu’ils laissent de côté le poison de la division.

Après les élections des 22 et 29 mars, il sera temps, à Poitiers en juin, pour ceux qui le souhaitent d’exprimer leurs différends et de réclamer la clarification de la ligne politique du PS. Les congrès sont faits pour ça.

 

Jean Félix Madère

Le 1er mars 2015

 

Notes de lecture le 5 mars

Prochain blog le 8 mars

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