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les propos de madère
7 mars 2015

Les propos de Madère

L’alternative de Sarkozy : il montre le bout de l’oreille

 

Depuis qu’il est sorti de sa pseudo retraite politique, Nicolas Sarkozy est resté relativement discret dans les médias. Certes il a fait campagne pour son élection à la tête du l’UMP mais jusqu’ici il a tenté de se tailler, en interne, un nouveau costume de rassembleur et d’homme de la synthèse presque effacé. D’évidence, c’est une tactique. Cependant, comme l’ont relevé plusieurs observateurs, il est tout de même apparu comme étant toujours affecté par sa défaite de 2012.

Il est vrai qu’un échec marque toujours ceux qui l’ont subi. Sarkozy n’a pas échappé à ce syndrome…

Tout ceci dit, le nouveau Président de l’UMP bout de se dégager des contingences de la reconstruction d’un parti au bord de la faillite et en déshérence politique. Il rage d’être confiné dans le marigot du siège de l’UMP et de devoir aller animer, le plus souvent, des petites réunions dans des salles improbables. Il rêve de sortir de ce purgatoire dans lequel il s’est mis volontairement en calculant que la conquête de son parti était l’étape indispensable pour retrouver le chemin de l’Elysée.

L’homme a de la ressource et ne manque pas de savoir-faire. Bien que placé à la tête d’une UMP abimée et au fonctionnement souvent erratique, il vient de sentir le fumet d’un probable succès aux élections départementales. Il espère bénéficier de circonstances politiques inespérées susceptibles de lui permettre de se présenter en vainqueur d’une consultation électorale considérée comme perdue, il y a quelques mois, par son parti. Flairant cette opportunité, sans vergogne, il s’apprête à s’attribuer le mérite d’un succès qui pourrait être davantage dû à une conjoncture politique exceptionnelle plutôt qu’à ses mérites et à sa popularité réelle dans l’ensemble de l’opinion.  Toute honte bue, alors qu’il refuse d’appeler à voter pour la gauche en cas de second tour opposant le Front national au PS, il compte, dans la perspective de duels FN/UMP, pour s’assurer un triomphe en trompe l’œil, sur le report des voix socialistes ! Le PS appliquant ainsi strictement le front républicain pour faire barrage à l’extrême droite. La morale liée aux pratiques démocratiques lui importe peu.  Partant de l’espoir de cet avenir prometteur, il est sorti de sa réserve en donnant, le lundi 2 mars, un long entretien au Figaro, quasi journal officiel de la droite. Bref, « il est remonté sur son cheval ».

Cet entretien a eu un large écho essentiellement parce qu’en professionnel de la communication politique Sarkozy a dégainé une formule choc en parlant du PS qualifié désormais de « FNPS ». Les commentateurs ont glosé pendant deux ou trois jours sur cette formule visant à établir une collusion de fait entre le Parti socialiste et le Front national. Ce rapprochement était tellement énorme, une telle contre vérité que ce jingle, répété à l’envi par l’entourage du Président de l’UMP comme une sorte d’élément de langage, a rapidement fait pschitt comme dirait Jacques Chirac.

Ce coup de com a eu comme effet secondaire que l’essentiel de l’entretien donné par Sarkozy au Figaro est, d’une certaine manière, « passé à l’as ». C’est dommage quant à l’information de l’opinion sur les grandes lignes du programme de l’intéressé. Sa lecture, même s’il est loin de contenir le détail des propositions de Sarkozy, illustre à grands traits ce qu’il a l’intention de proposer d’abord lors de la primaire au sein de l’UMP et ensuite aux Français, s’il est choisi, comme il l’espère, pour représenter la droite à la prochaine présidentielle.

Pour faire court et en n’hésitant pas à utiliser une expression triviale, disons que « c’est gratiné ».  Il reprend sans vergogne plusieurs thèmes et mesures utilisés durant sa présidence de 2007 à 2012.  Notons qu’il ne fait pas là preuve de beaucoup d’originalité et d’un grand renouvellement. Ainsi, il propose le retour au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite, mais comme il faut bien pimenter les vieilles recettes, il avance l’idée d’étendre ce dispositif à la Fonction publique territoriale. Il est prêt pour cela à modifier la Constitution pour la rendre compatible avec l’autonomie de gestion des collectivités territoriales ! Il veut d’ailleurs que ces collectivités puissent aussi avoir la possibilité de négocier directement les « rémunérations et le temps de travail  sans être soumises totalement à des règles imposées par l’Etat ». Il se prononce pour l’augmentation du temps de travail dans la Fonction publique par la renégociation des accords sur la durée du travail. Pour faire bonne mesure il propose de rétablir le jour de carence en cas de maladie et, brèche de taille dans le statut de la Fonction publique, de recruter prioritairement sur des contrats de cinq ans.

Sur un plan plus large, l’essentiel de son programme tourne autour de l’idée de favoriser les entreprises par de nouvelles baisses de charges. Il affirme  que « les entreprises doivent cesser d’être le punching ball du PS ». Dans une phrase très claire il déclare : « Il nous faudra engager ni plus ni moins une révolution des esprits débarrassée de tous les dogmes afin de mettre l’entreprise, quelle que soit sa taille et dans toutes ses dimensions, au centre des décisions économiques gouvernementales.

Il avance en rafale trois propositions : suppression de l’ISF, report de l’âge légal du départ à la retraite à 63 ans et émet l’idée qu’il faut « repenser » le code du travail en ne gardant que les droits fondamentaux. Le reste de ce domaine étant renvoyé à des négociations d’entreprise.

Pour faire bonne mesure, il suggère que les candidats UMP aux élections départementales s’engagent à réduire le nombre de fonctionnaires locaux.

Il n’est point besoin de commenter par le menu cette esquisse de programme. Nous disons esquisse car beaucoup de sujets ne sont pas abordés dans cet entretien ou simplement évoqués de manière évasive.

L’essentiel pour Sarkozy, comme il le dit en conclusion, est « cette révolution des esprits à laquelle j’appelle, tournée vers toutes les entreprises, sera le cœur de la politique alternative que nous allons proposer au service de tous les Français ».

Les fonctionnaires sont, comme toujours, la cible principale de l’ancien président. L’affaiblissement du code du travail pour le secteur privé est aussi au centre du dispositif sarkozyste. En outre, en proposant le déplacement prioritaire de la négociation au niveau de l’entreprise, il vise à ce que les discussions aient lieu à l’endroit où la représentation syndicale est la moins organisée et la plus faible.

Le patronat, il le répète à l’envi, sera privilégié en tous domaines.

En vérité cet entretien n’a rien de surprenant. Il ne faut pas attendre de Sarkozy autre chose que des mesures libérales et des dispositifs défavorables aux salariés. Le 2 mars, dans le Figaro, il a simplement montré « le bout de l’oreille ».

Cela devrait suffire à faire réfléchir tous ceux qui aujourd’hui, notamment les salariés, sont installés dans le mécontentement. La politique de Sarkozy serait, c’est clair, pire pour eux.

L’ode aux entreprises par l’ancien président de la République, devrait permettre aussi de mieux évaluer, même si des rééquilibrages sont souhaitables, entre mesures pour les salariés et les entreprises, que la politique de François Hollande et du gouvernement à l’égard du patronat est loin très loin de celle très libérale avancée par Sarkozy.

Disons pour conclure qu’il est étonnant que les frondeurs (1) et les contestataires de tous poils qui ne cessent d’accabler de  critiques la politique du gouvernement paraissent bien silencieux à l’égard des propositions libérales et anti-ouvrières prônées par Nicolas Sarkozy. Peut-être ne lisent-ils pas le Figaro ?

Peut-être ne veulent-ils pas reconnaître qu’ils vont trop fort dans leur guérilla au sein de leur propre parti et que tout cela va déboucher sur le retour au pouvoir de la droite dont on voit ce qu’elle veut faire ? Et encore Sarkozy n’a pas tout dit. Il n’a présenté que le hors d’œuvre !

Cela suffit pourtant à bien mesurer où se situent, malgré la difficile situation économique du pays, les enjeux de l’avenir.

 

Jean Félix Madère

 

Prochain blog le 14 mars

(1)

On lira aussi avec intérêt ce que Alain Duhamel, qui n’est pourtant pas un homme de gauche, écrit  dans son éditorial du 4 mars dans Libération à propos des frondeurs,   

« Les frondeurs et leurs alliés jouent habilement, pour certains cyniquement, de cette façon de voir double. Ils n’ont de cesse de critiquer aigrement,  véhémentement, agressivement le gouvernement. Ils le font en public, ils le confient plus violemment encore sous le sceau d’un anonymat factice. Ils entretiennent, en permanence, un climat de scepticisme, de défiance, d’irrésolution, d’inquiétude qui handicape et déforme toute initiative de l’exécutif. Les plus pervers ne songent qu’au congrès de Poitiers en juin. Les plus sincères exigent un changement immédiat de politique économique…Une minorité voudrait dicter sa loi à la majorité…  Plutôt que de parler de frondeurs, on devrait dire « maîtres chanteurs.

S’ils poursuivent dans cette voie, comme tout l’annonce, Nicolas Sarkozy peut croire en ses chances et Marine Le Pen espérer en son destin. »

A l’aune de ces propos, nos remarques au sujet des frondeurs sont de l’eau de rose !

 

Jean Félix Madère

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