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les propos de madère
31 mai 2015

les propos de Madère

De l’importance de l’agenda politique 2015/2017

 

L’opinion vit, le plus souvent, les événements politiques au fur et à mesure qu’ils se produisent, sans jamais mesurer qu’ils résultent, hormis les incidents de parcours, d’une programmation étudiée, décidée, préparée avec grand soin par les partis et leurs leaders.

Ceux-ci voient les choses en perspectives, tiennent compte de l’agenda de leurs concurrents et des échéances obligatoires, telles que les élections locales et nationales. La fixation des dates des congrès des partis n’est pas non plus décidée au hasard. Dans toutes ces décisions, l’impact médiatique est évalué avec soin tant les responsables des formations politiques savent l’importance du retentissement de la couverture des medias, singulièrement la télévision, mais aussi de la presse en général.

Dans un monde où une information chasse l’autre, les communicants des partis s’ingénient à contrebalancer un événement par un autre…

Bref, le calendrier est essentiel dans la structuration de la vie politique.

Il est ainsi très parlant de jeter un coup d’œil sur l’agenda mi 2015/2017. Déroulons ainsi cet agenda. Le congrès « refondateur » ! de la droite conservatrice vient de se tenir, à la Villette, le 30 mai. Celui du parti socialiste aura lieu, à Poitiers, du 5 au 7 juin.

Aussitôt après, ces deux formations politiques vont enchaîner, tout au long de la période 2015/2016, une série de conventions ou réunions thématiques susceptibles de construire ou de préciser leurs programmes. Elles auront principalement pour objectif d’appeler l’attention des citoyens sur des thèmes susceptibles de déterminer l’opinion et de la mobiliser pour les élections à venir.

Rien ne sera décidé au hasard. On choisira soit des sujets clivants si l’on veut se démarquer, soit des sujets rassembleurs si l’on veut mobiliser le plus grand nombre.

Ainsi, les principaux dirigeants de la gauche ont prévu, tout au long du mois de juin 2015, une série de réunions publiques permettant à ceux qui sont au pouvoir d’expliquer leur politique.

 Le Président de la République, quant à lui,  sera souvent sur les routes  durant ce mois. Pour faire contrepoids, le leader de la droite courra les meetings à la même période.

Après la pause estivale qui sera néanmoins marquée par les fameuses « universités d’été », - celle organisée par le PS fin août à La Rochelle est généralement la plus observée -, la bataille de la communication va se poursuivre en vue de l’importante échéance des élections régionales, organisées les 6 et 13 décembre 2015.

Cet événement de portée nationale va se produire à peu près au même moment que la Conférence mondiale sur le Climat, prévue du 30 novembre au 11 décembre 2015 à  Paris. Il s’agit là d’un enjeu concernant l’ensemble de la planète.

Il est clair que le retentissement de l’un et l’autre de ces événements ne sera pas sans conséquence politique dans l’exploitation qui ne manquera pas d’en être faite, tant par la droite que par la gauche.

Aussitôt après, début 2016, va s’intensifier, à droite, le combat interne, mais qui sera de fait très largement externalisé par la presse, de la primaire de ce parti.

Il n’est pas difficile de prendre le pari que, tout au long de 2016, on va beaucoup parler de ses leaders qui vont s’affronter rudement. Les huées et les sifflets entendus à la Villette le samedi 30 mai sont les signes annonciateurs non de l’unité de la droite mais de conflits doctrinaux sérieux entre les différents candidats à la primaire. De toute manière, plus on va se rapprocher de ce scrutin interne – novembre 2016 – plus l’ensemble de l’information nationale va être saturée des débats, en principe spécifiques à ce parti, mais qui ne manqueront pas de retenir l’attention de l’opinion. Sauf à être naïf, il faut souligner que la période choisie n’est pas le fruit du hasard. Elle se situe à quelques semaines de la campagne présidentielle de 2017.

Dans le combat de la communication, les partis de gauche, jusqu’ici muets sur leur agenda pour ces mois allant de novembre 2016 à mai 2017, ne manqueront pas, c’est certain, d’être eux aussi en campagne et de contrebalancer ainsi le « barouf » des conservateurs de droite.

On le voit, de la mi 2015 à l’élection Présidentielle de mai 2017, l’agenda politique est, pour l’essentiel, défini, organisé et borné par diverses échéances impératives.

Il serait pourtant excessif d’aller jusqu’à dire que ne se glisseront pas, dans ce calendrier si bien calé, des incidents non prévus.

N’oublions pas que l’Assemblée nationale a à son ordre du jour plusieurs projets de loi susceptibles de déclencher des contestations sociales capables d’être possiblement à l’origine de tensions importantes avec les organisations syndicales. C’est le cas de la loi Macron, en deuxième lecture à l’Assemblée, après avoir été largement modifiée au Sénat, et de la loi sur le Dialogue social, prochainement discutée.

N’ignorons pas non plus l’effet de contestation, dans le milieu enseignant, du dispositif concernant la réforme des collèges. Tout cela d’évidence peut, à un moment ou à un autre, perturber le déroulement de l’agenda politique.

De même, le contexte économique, notamment le chômage, ne manquera pas de jouer un rôle déterminant dans ces diverses échéances. Ne sous-estimons pas non plus le difficile règlement de l’équilibre des caisses de retraites complémentaires.

Pourtant, le plus bel exemple d’incident risque de découler d’un autre agenda non maîtrisé par les politiques : l’agenda judiciaire. Celui-ci n’a cure du rideau de fumée des changements de nom des partis. Ainsi, quand va être examiné au fond l’affaire « Bygmalion » ? Quand sera jugée ou pas l’ « affaire des écoutes » ? Rien n’est public pour l’immédiat. Aucune date n’a été annoncée. Pourtant, si d’aventure, l’immodeste et agressif leader du nouveau parti de droite est traduit devant les tribunaux, le calendrier général ne changera pas, mais les données de la primaire de son parti, voire de la Présidentielle, ne seront plus les mêmes. Or, on ne peut écarter aucune hypothèse en la matière.

Par ailleurs, l’agenda politique national tel que nous venons de l’évoquer, peut aussi être perturbé, certes pas dans ses dates, mais dans son déroulement, par le climat politique international.

Deux ou trois exemples peuvent illustrer cette éventualité.

Quid de l’atmosphère en Europe et donc en France si la Grèce, fin juin 2015, ne parvient pas à trouver un accord avec ses créanciers et, comme semble ne pas l’écarter le FMI, sort de l’euro et de l’Europe ?

Quid du niveau des tensions internationales et de leurs conséquences dans notre pays si l’affrontement en Ukraine s’aggrave ?

Quid de l’équilibre national et du retentissement au plus profond de la nation si, comme personne ne peut l’écarter, de nouveaux attentats sanglants se produisent dans notre pays ?

Bien entendu, espérons-le, personne ne souhaite qu’aucune de ces hypothèses ne prennent corps. Mais on ne peut, hélas, les écarter.

Ainsi, cette brève réflexion sur l’agenda politique permet de bien faire apparaître que les événements qui vont avoir lieu entre mi 2015 et mi 2017 sont, pour l’essentiel, prévus, calibrés, organisés, voire, pour certains, impératifs.

Ils vont faire l’objet d’un combat de communication politique sans merci car au bout il y a le pouvoir tant recherché par les uns et les autres. Il n’y a pas que cela. Cet agenda porte en lui les choix fondamentaux concernant l’ensemble des citoyens qui malgré le désintérêt général à l’égard de la politique, méritent autre chose que l’indifférence.

Répétons-le, ce calendrier n’est pas le fruit du hasard : il constitue les étapes, les séquences du fonctionnement normal de notre République.

La République, bien de tous, pas celle d’une petite camarilla et de quelques affidés qui, voulant mettre sous le tapis leurs turpitudes anciennes, croient, bien à tort, qu’il suffit, dans les « flonflons » d’un congrès d’un noyau de groupies énamourées, de changer le nom d’un parti pour que tout soit oublié.

Pauvre manœuvre qui ne résistera pas à la réalité du combat politique qui  va s’engager durant les dix-huit mois qui viennent. Chacun devra ne plus se réfugier dans l’insulte et le mépris mais dire la réalité de son programme et des mesures préconisées. Les surprises vont être fortes.

On sera alors, espérons-le, dans les moments où s’exprimera la vérité.

Jean Félix Madère

 

Prochain blog le 8 juin

 

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