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les propos de madère
30 novembre 2015

Les propos de Madère - Garder la mesure

Garder la mesure

Comme il fallait s’y attendre, élections régionales obligent, l’action politique a repris. Tous les partis sont désormais en campagne même si pour beaucoup le cœur n’y est pas. Il reste aux candidats moins d’une semaine pour exposer leurs programmes régionaux. Il semble cependant que, plus qu’à l’ordinaire, les thèmes nationaux, essentiellement la sécurité, sont au cœur des quelques débats qui ont lieu, ici ou là.

Les instituts de sondage se sont aussi remis à l’ouvrage et viennent de publier une rafale de prévisions qui, unanimement, font apparaître que le Front national tire le plus de profit de la situation particulière du moment. Le parti de Sarkozy, bien que souvent bien placé, n’atteint pas les scores espérés. Quant au Parti socialiste, comme prévu et répété, il recule mais pas aussi fortement qu’annoncé avant les événements du 13 novembre. Ainsi, au-delà des trois bastions qu’il devrait conserver, il apparaît encore en course, dans le cadre de triangulaires, dans trois ou quatre régions.

Restent maintenant quelques jours pour vérifier ces pronostics et, pour la droite comme pour la gauche, faire bouger les lignes. Ce n’est pas un petit challenge mais le combat politique permet souvent de retourner des situations apparemment figées ou jouées d’avance. Ainsi, ceux qui se projettent au 2ème tour avec gourmandise, espérant une Berezina pour la gauche, n’ont en fait aucune certitude d’avoir raison.  Ils ont beau se frotter les mains en annonçant la nécessité du retrait des listes de gauche au soir du 1er tour pour faire barrage au Front national, il s’agit là d’hypothèses. Ne leur en déplaise, nous n’en sommes pas encore là. Chacun fera ses comptes au soir du 6 décembre et prendra ses décisions en n’oubliant pas qu’au bout du bout ce sont les électeurs ou ceux qui se détourneront des urnes qui feront l’élection.

Durant ces quelques jours qui nous séparent des votes, la COP 21 va débattre de l’avenir de la planète et, espérons-le, débouchera sur des conclusions susceptibles de contenir,  d’éviter ou de minorer les dérèglements climatiques en cours.

L’ambiance de cet extraordinaire rassemblement des principaux dirigeants du monde et l’écho qui en sera donné à l’extérieur du Bourget à l’avancée de leurs travaux et réflexions, ne manqueront pas  d’avoir des retentissements certes dans leurs différents pays mais aussi dans le contexte pré-électoral français.

Là n’est pourtant pas ce qui est susceptible d’influer le plus sur le vote lors des prochaines élections régionales. Ce qui peut être déterminant c’est d’une part le maintien de la sécurité dans le pays et les conséquences d’un débat qui s’amorce à ce sujet. En effet, si le Président de la République, dans son discours devant le Congrès, a provoqué parmi les Parlementaires, dans une sorte d’effet de souffle, un grand étonnement consécutif aux multiples annonces d’ordre sécuritaire qu’il a faites, on constate aujourd’hui que l’approbation très largement majoritaire qu’il a obtenue commence à être critiquée à gauche d’abord mais aussi dans une partie de la droite.

Disons que s’il a trouvé une très large majorité pour soutenir l’instauration de l’état d’urgence et pour approuver les frappes sur la Syrie, il n’est pas moins vrai que beaucoup s’alarment de la vigueur extrême avec laquelle est mis en œuvre le dispositif de perquisitions, d’assignations à résidence, voire les interdictions de manifester, etc…

Pour le moment il s’agit plus de critiques ponctuelles sur l’opportunité de telle ou telle perquisition ou assignation à résidence ou de regret de ne pouvoir manifester en soutien aux débats de la COP 21. Il est clair cependant qu’on ne va pas tarder à en venir à des problèmes plus larges touchant au maintien des libertés publiques.

Dans l’immédiat, l’exécutif bénéficie, dans le domaine de la sécurité, d’une approbation très large de l’opinion qui a tant été choquée, blessée par les attentats sur 13 novembre. La sécurité est et demeure la préoccupation dominante. Même s’il respecte les règles formelles, le gouvernement, tout à son devoir de protéger le pays, ne devrait quand même pas, de durcissement en durcissement, verser dans l’excès. Sans doute veut-il montrer que les dirigeants socialistes au pouvoir, confrontés au terrorisme, sont à la hauteur de la tâche du maintien de  l’ordre et de la sécurité qui leur incombe. On ne peut que leur donner acte de leur détermination sans failles.

Le quitus volontiers accordé ne vaut pas approbation sans discussions des quelques dérapages constatés et  d’éventuelles autres mesures.

Laissons à Sarkozy la course effrénée derrière le Front national. Que le gouvernement fasse son travail de protection des Français avec fermeté mais sans excès. Il serait dommage qu’il ne garde pas le sens de la mesure. L’opinion qui aujourd’hui approuve ne tarderait pas à se retourner. On commence d’ailleurs, ici et là, à relever des désapprobations qui pourraient éloigner des électeurs du vote à gauche. C’est un signal. Il faut l’entendre.

 

Jean Félix Madère

Le 30 novembre 2015

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