Les propos de Madère : Une victoire à la Pyrrhus

Sarkozy vient donc d'être élu, à nouveau, à la tête de l'UMP. Sans gloire. Beaucoup considèrent cette victoire comme sans grande importance. Ils se trompent. L'ancien président de la République a remis la main sur son parti pour reconquérir l'Elysée. Dans les semaines qui viennent il a en projet de bouleverser complètement l'UMP, d'en changer le nom et d'en booster pratiques et comportements. Il va se présenter, il n'y a là rien d'anormal, en leader de l'opposition.

On va le voir à la télé et dans les médias sans arrêt. En interne, par tous les moyens, il va tenter de rassembler son camp. Aux uns il promettra la lune, aux autres, réticents, les "mines de sel". Son premier souci le conduira à débaucher l'entourage de ses anciens concurrents Bruno Lemaire et Hervé Mariton. Il visera à assécher ainsi les quelques soutiens dont ils ont disposé durant la campagne qui vient de s'achever.

Nul doute qu'il essaiera aussi, par toutes les manoeuvres dilatoires possibles, d'éviter la fameuse primaire ouverte en vue de la présdentielle de 2017.

Juppé, Fillon, Bertrand et sans doute Bruno Lemaire, sorti grandi de la joute interne de ces dernières semaines, vont se battre pour faire respecter la parole donnée et réclamer par tous les moyens ces primaires, seule chance pour eux de triompher de Sarkozy dans une élection ouverte.

Or, malgré les bons sondages pour l'un, la pugnacité de l'autre, malgré tout très affaibli, le travail de fond du troisième dans les sections et l'émergence soudaine du dernier, aucun d'entre eux ne disposera de l'appareil et des moyens multiples qu'il offre à celui qui en est le chef. Ils vont éprouver les pires difficultés à affirmer leur candidature.

Pour y parvenir, ils vont devoir tant se battre à l'intérieur de leur propre parti qu'ils ne tarderont pas, sans doute, à apparaître comme des diviseurs à l'heure où Sarkozy se posera en rassembleur.

Il est donc probable, du moins dans ce que l'on peut imaginer à un peu plus de deux ans de l'échéance, que Sarkozy sera, au final, le candidat de l'UMP. Aura-t-il pour autant partie gagnée pour revenir à l'Elysée en 2017 ?

Rien n'est moins sûr. Si ses concurrents de l'UMP sont battus à une primaire, surtout si elle n'est pas régulière, au sens du respect des statuts de ce parti qui prévoient qu'elle doit être ouverte, il est évident que cette défaite sera grosse de vengeance.

On peut penser alors que Bayrou ou d'autres seront candidats. Ainsi, comme beaucoup de Français ne veulent pas du retour de Sarkozy, un éparpillement des voix de la droite l'empêchera de figurer au second tour de la présidentielle.

La loi d'airain de ce type de consultation l'écartera immanquablement du fameux retour qu'il espère tant. En effet pour gagner il faut rassembler d'abord son "peuple", c'est-à-dire, au premier tour, aller au-delà des scores de son parti. Les voix de son fan club, qu'il n'a pas totalement retrouvées, s'avèreront insuffisantes pour le conduire au succès.

Sans lire dans le marc de café on est, aujourd'hui, en droit de penser qu'il a gagné hier une victoire à la Pyrrhus. 

Jean-Félix Madère.