Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les propos de madère
19 avril 2015

Les propos de Madère

Kaléidoscope

L’actualité de la semaine a été foisonnante. De multiples sujets ont été abordés sur le terrain politique et économique. Les uns ont été très largement commentés voire ont suscité des polémiques. D’autre ont moins fait le « buzz » comme on dit aujourd’hui.

Il ne nous paraît pas inutile cependant de faire, sans ménagement et sans langue de bois,  quelques observations ou remarques pour certains d’entre eux. Ainsi les primaires annoncées à l’UMP, le changement de nom prochain de ce parti ainsi que la poursuite de l’affrontement misérable Sarkozy/Fillon, tout cela a occupé la une des medias. Il n’est pas nécessaire d’y revenir dans le détail tant l’information a été saturée sur ces sujets. Observons simplement que le passage de l’appellation « UMP »  à celle de « Les Républicains » n’est qu’une astuce pour faire oublier les turpitudes de la droite  et une captation d’un terme appartenant à tout le monde. C’est un détournement d’utilisation tout à fait condamnable. Heureusement, c’est comme pour les bouteilles, l’étiquette ne garantit pas le bon breuvage. Elle porte en elle aussi des similitudes avec le Parti Républicain américain dont une des composantes importantes, le Tea Party, est connu pour ses positions extrémistes et droitières, singulièrement dans le domaine sociétal. Il y a meilleure référence. Par ailleurs, comme dans un effet boomerang, ce nouveau nom « Les Républicains », alors qu’il n’est pas encore rendu officiel, commence à être détourné en « Ripoublicains » sur les réseaux sociaux. Comme quoi, les coups de com et la tentative de faire oublier le passé sont susceptibles de se retourner contre les « trop malins ». Passons.

La semaine a été aussi marquée par la proposition de Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale, suggérant de rendre, par la loi, le vote obligatoire. Il veut remédier ainsi à la vague d’abstention qui a marqué les dernières consultations électorales. Des avis très divers ont été exprimés à ce sujet. Les uns sont pour sans réserve, les autres sont contre avec autant de détermination. Sans peut-être avoir assez réfléchi à la question, la tendance naturelle d’un citoyen ordinaire est d’être réservé pour ne pas dire davantage. Croit-on, en effet, qu’on peut démontrer, de manière irréfragable, que le vote obligatoire changera quelque chose dans les esprits de ceux qui s’abstiennent ou que leur vote est susceptible de modifier le résultat des élections à venir ? Qu’on nous permette, pour l’immédiat, d’en douter. Certains pourtant vont jusqu’à avancer que le vote obligatoire favorisera les extrêmes.  Rappelons  tout de même l’idée que le suffrage universel est, dans notre pays, conçu comme un moyen d’expression libre des citoyens. Les contraindre semble, jusqu’à plus ample informé, aller à rebours de cette conception. Donnons toutefois acte à Claude Bartolone d’avoir eu le mérite ou le courage de sa proposition. Elle marque – et cela dit sans méchanceté ni malice -  un certain désarroi de la classe politique face à l’abstention. Il va donc être intéressant de suivre l’argumentation et le cheminement du projet de loi. Nul doute que nous en reparlerons.

La perspective d’une augmentation des impôts locaux a fait aussi grand bruit. Dans un premier temps, on a présenté la chose, dans la presse, comme devant être décidée par toutes les communes sans exception. Cela en raison de la baisse de la dotation de l’Etat dans le cadre des économies nécessaires au redressement de l’économie. Le bon peuple s’est affolé… Puis, après études on s’est aperçu que la majorité des petites et moyennes communes, en raison d’une bonne gestion de leur budget, n’allaient pas procéder, ou très peu, à cette augmentation des impôts locaux. Enfin, en creusant un peu, quelques spécialistes de la question se sont aperçu que les augmentations les plus fortes allaient être réalisées, malgré leurs engagements de campagne, dans des villes ayant basculé, aux dernières municipales, de gauche à droite. C’est justice de le signaler. Mieux même, il a été relevé – et Toulouse est un cas emblématique – que certaines villes s’apprêtaient à augmenter la charge des impôts locaux bien au-delà de la réduction de la dotation de l’Etat. Ainsi, le nouveau maire du Capitole  a décidé une augmentation de 30 millions d’euros, soit 15 % de plus pour les impôts locaux des Toulousains, alors que la dotation de l’Etat ne baissera que de 12 millions ! Monsieur Jean Luc Moudenc a beau pousser des cris d’orfraie, il est clair que sa décision ne correspond pas à la réalité de la diminution imposée par l’Etat.

Cela dit, loin de nous l’idée d’ignorer les conséquences de la décision du gouvernement de tailler dans la dotation aux communes. Cela  va exiger des redéploiements budgétaires, des ralentissements dans les investissements, etc… Cela ne manquera pas d’affecter les entreprises locales tant les collectivités territoriales sont des donneurs d’ordre importants. Cependant, dans un contexte d’impératif redressement budgétaire y avait-il moyen d’épargner, au chapitre des économies, les collectivités locales ? Sans doute pas, mais il n’est pas faux de dire que l’effort qui leur est demandé est sévère,  d’aucun disent disproportionné, à un moment où on donne aux communes notamment des charges supplémentaires liées à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires. Il est clair que cela va grogner dans les municipalités. N’oublions pas cependant que si la droite revenait au pouvoir son plan d’économie est de 150 milliards. Les collectivités territoriales seraient-elles épargnées ? Il est permis d’en douter !

L’Assemblée nationale, sur proposition du gouvernement, a examiné ces jours derniers, le projet de loi sur le renseignement. Cette loi étant rendue nécessaire après les attentats de janvier et par le climat d’insécurité qui règne dans le pays. Tout le monde en reconnaît la nécessité. 63 % des Français y sont favorables. L’essentiel des députés de la majorité et ceux de l’opposition aussi.

Malgré ce climat de consensus, des voix s’élèvent pour trouver excessifs les dispositifs de surveillance et d’écoute visant à empêcher une récidive terroriste. Sans vouloir entrer dans le détail très technique de la loi et sans ignorer l’opinion dominante prête à approuver le sacrifice d’une part de liberté individuelle pour plus de sécurité collective, il est difficile d’admettre, sans réserves, que la vie individuelle de chacun pourra être placée de fait dans une sorte de domaine où le privé ne sera plus que partiel et dépendra de sortes de « décisions supérieures ». Il nous paraît ainsi souhaitable, même si le gouvernement cherche sincèrement à protéger les citoyens et le pays de nouveaux attentats, que, dans le cadre de la discussion parlementaire,  des bornes soient mises à la surveillance de chacun. En effet, si le citoyen ordinaire ne disposait pas, dans la loi, de garanties suffisantes quant à sa liberté individuelle et qu’un flux de données personnelles soit insuffisamment contrôlé, on toucherait là aux libertés fondamentales. Le pouvoir des services de renseignements doit ainsi être contrebalancé, équilibré par le contrepoids de ceux de la Justice. S’il devait en être autrement, d’une certaine manière, le terrorisme aurait gagné puisque la liberté de chacun serait en cause. Faisons cependant confiance au sens de la mesure du Parlement mais aussi à l’esprit de responsabilité du gouvernement. Ajoutons que, pour calmer les inquiétudes, François Hollande a déclaré, lors de l’émission « le supplément » sur Canal+ le dimanche 19 avril, « qu’il allait saisir le Conseil constitutionnel afin que soit vérifié que cette loi sur le renseignement est en conformité avec la « loi fondamentale » ». Cela va dans le bon sens…

Tous ces sujets ont eu grand retentissement dans la presse et les médias en général. Par contre, la préparation du prochain congrès socialiste n’a été qu’à peine évoquée. L’essentiel des commentaires a porté sur le « ralliement » de Martine Aubry à la motion du Premier secrétaire du PS que tout le monde présente comme ayant vocation à être majoritaire en juin à Poitiers.

Peu d’informations, d’analyses et d’exégèses ont été faites, jusqu’ici, sur le contenu même de ce texte. Seuls, pour l’instant, quelques fragments ont été publiés, notamment dans « Libération ». Ils sont pourtant essentiels pour comprendre ce qui se prépare au PS. Ils éclairent les concessions déjà faites à ceux qui veulent infléchir les positions du Parti socialiste. Lorsque l’intégralité de la motion présentée par le Premier secrétaire du PS sera connue, on découvrira sans doute, ici ou là, dans la subtilité des phrases, d’autres inflexions. On peut cependant, d’ores et déjà noter qu’il est dit d’entrée de jeu « les grands textes de loi devront donner systématiquement lieu à un débat avec vote au Conseil national ». On vise ainsi à une sorte de mise sous surveillance du gouvernement… Abordant ensuite le pacte de responsabilité, il est mentionné « les engagements ne semblent pas,  à ce stade, et pour toutes les branches professionnelles, respectés. Si cette situation est confirmée par l’évaluation nationale, nous estimons que les 15 milliards du pacte qui restent à utiliser, devraient dorénavant l’être plus directement pour favoriser l’emploi, l’investissement privé productif et les investissements publics. » Cette orientation est loin d’être mineure ! Sur la fiscalité, la motion n’est pas moins directive. Elle est ainsi rédigée : « Pour les impôts des ménages, nous souhaitons que le chantier citoyen soit engagé dès le projet de budget pour 2016 par un prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, une réduction de la CSG sur les premières tranches de revenu…  Cette première étape permettra de poser le socle du rapprochement entre l’impôt sur le revenu et la CSG ». Inutile de souligner l’importance de ces suggestions.

Les choses sont encore plus claires dans la partie de la motion traitant du contrat de travail. Nous citons : « Ainsi, une réforme telle que le contrat unique ou l’extension des contrats de chantiers à d’autres secteurs que le bâtiment, et a fortiori à l’ensemble des secteurs, est pour nous exclue ». Il n’y a, là encore, aucune ambiguïté dans l’expression de cette position.

Enfin, dernier exemple, le repos dominical. Là encore, il n’y a aucune nuance dans le texte Cambadelis : « Nous sommes opposés à une nouvelle extension du travail du dimanche». Puis, plus loin : « C’est d’abord un choix de société. La consommation ne peut être l’alpha et l’oméga de nos vies. Le dimanche doit d’abord être un moment de vivre ensemble». Fermez le ban !

On pourrait dire, à la lecture des quelques extraits de ce texte : « Bah, il s’agit d’une motion de congrès. Ce congrès n’a pas eu lieu et puis on sait ce qu’il advient des motions au lendemain des votes. Beaucoup sont mises dans les tiroirs et la réalité de la vie s’impose ». Or, là, il serait naïf de ne pas préciser que le texte porté par le Premier secrétaire du PS a été signé par tous les membres socialistes du gouvernement, Premier ministre compris… par une grande majorité de députés PS et un très grand nombre de premiers fédéraux des départements. En vérité donc, il paraît difficile que, les vivats du congrès dissipés, le gouvernement fasse comme si rien ne s’était passé à Poitiers à moins que ce texte ne soit pas voté ou très sérieusement amendé, ce qui paraît improbable.

Alors n’ayons pas peur de nous interroger sur le devenir de la loi Macron en deuxième examen à l’Assemblée ? Sur ce que sera la politique du gouvernement après Poitiers ? A la lecture des quelques extraits ci-dessus on peut ainsi se demander si le cap économique et politique, basé sur l’offre, fixé par François Hollande, dans le magazine « Challenges » du 12 mars, sera maintenu.  Quels que soient les résultats des élections, il s’était engagé « à ne pas changer de ligne ni de Premier ministre ». On semble s’éloigner de cette promesse. Cette impression a été confortée par les nombreuses annonces concernant emplois et investissements, faites par le Président de la république lors de l’émission du 19 avril citée plus haut. Il est vrai qu’il déclarait aussi, dans le même hebdomadaire, « il faut bien, en effet, pour partir au combat, avoir une majorité élargie plutôt que rétrécie ». Or, nous sommes aux lendemains de défaites électorales, à quelques mois des régionales et plus très loin de la présidentielle. Les leçons paraissent en voie d’être tirées. Est-ce plus mal ? En tous cas, le congrès du PS, dont personne ne doute que le Président de la république s’y intéresse de près, voire en inspire les lignes de force des positions dont il débattra, vient à point. Il devrait permettre de jeter les bases d’un rassemblement dépassant largement la majorité actuelle, fusse au prix de quelques renoncements ou de quelques accommodements. C’est cela aussi la politique. François Hollande, quoiqu’en disent ses nombreux détracteurs, est un expert en la matière.

Nous serons, c’est certain, appelés à en reparler… souvent !

On comprendra notre étonnement que ces morceaux choisis de la motion à vocation majoritaire du prochain congrès du parti socialiste n’aient pas obtenu davantage d’échos dans la presse. C’est pourquoi il nous a paru intéressant d’y faire référence tout en regrettant de ne pas être en possession de la totalité du texte. Nul doute, toutefois, que ce congrès va, dans les jours à venir, faire couler beaucoup d’encre.

On le voit, cette semaine nous a fourni comme un kaléidoscope, une suite de sensations vives et variées concernant une vie politique et économique forte, même si certains de ses éléments n’ont pas eu le retentissement immédiat qu’ils auraient dû avoir.

Jean Félix Madère

Le 20 avril

Prochain blog le 27 avril

Notes de lectures le 30 avril

Publicité
Publicité
Commentaires
les propos de madère
Publicité
Archives
Publicité