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les propos de madère
24 novembre 2015

Les propos de Madère - Agir pour l'avenir

Agir pour l’avenir

Dans les jours qui viennent, alors que tout un peuple est en pleine compassion pour les victimes des attentats et tente de faire face aux peurs nées des horreurs liées aux crimes aveugles et aux menaces qui perdurent, va se dérouler à Paris un événement mondial prévu de longue date : la COP 21 (Conférence Mondiale sur le Climat). L’importance de cet événement est telle qu’en dépit du contexte actuel, le gouvernement et l’ONU, qui l’organisent, ont décidé de le maintenir. Seules quelques manifestations de rues, dans Paris, ont été annulées. L’essentiel de ce qui avait été prévu se déroulera normalement dans des sites sécurisés, notamment au Bourget.

140 chefs d’Etats ou de gouvernements dont Barack Obama, Xi Jinping, Vladimir Poutine, François Hollande, Angela Merkel, etc… seront présents et participeront aux négociations.  Des forums, des tables rondes réuniront, du 30 novembre au 11 décembre, quarante mille personnes : experts, ONG, etc…

La présence maintenue de ces personnalités se veut la démonstration que les dirigeants du monde font fi des menaces terroristes et continuent à accomplir, sans faiblir, leurs missions.

Certes, des moyens exceptionnels de sécurité seront déployés, tant par la France que par l’ONU qui a la charge du bon déroulement des travaux.

Il faut convenir que toute autre attitude aurait été une sorte de démission face aux illuminés de Daesh. Les représentants de l’ensemble du monde ne sauraient différer ou renoncer à définir des mesures susceptibles d’éviter que le changement climatique s’aggrave et mette en cause le futur de la planète.

Comme le disent bien des spécialistes, il est « minuit moins le quart » et si on ne fait rien, il sera bientôt impossible d’agir positivement.

Nous sommes au moment d’un tournant majeur, à l’étape décisive dans la lutte contre le changement climatique.

Déjà, sans verser dans le catastrophisme et se muer en ayatollah de l’écologie, on peut observer des phénomènes et des dégâts importants nés du changement climatique. Ainsi, les plus hautes autorités dans ces domaines s’accordent pour dire que :

-         les risques de vagues de chaleur records sont maintenant cinq fois plus importants qu’autrefois ;

-          une grande partie de la calotte glacière de l’antarctique occidental est condamnée à disparaître ;

-         dans les siècles à venir, le niveau de la mer va s’élever d’au moins 1m20, sans doute beaucoup plus ;

-         enfin, on assiste déjà à un mouvement de « redessinement » de la carte de la planète, notamment celle des zones ou peuvent vivre les animaux, les plantes et les êtres humains (source National Geographic novembre 2015).

Il est temps, grand temps, d’essayer d’arrêter de telles dérives. C’est l’objet de la réunion de la COP 21. Face à un tel défi, beaucoup paraissent sincèrement désireux d’aboutir à la définition d’un dispositif contraignant et vérifiable seul de nature à donner des résultats. D’autres ironisent déjà et s’acharnent à démontrer que cette assemblée ne débouchera sur rien tant maints enjeux financiers et égoïstes rendront les débats inopérants comme ce fut le cas lors de la précédente conférence à Copenhague.

Ce pessimisme, pour ne pas le qualifier autrement, fait bon marché du travail en amont réalisé par la diplomatie française et les experts de l’ONU auprès des chefs d’Etats. Ils ont été sensibilisés à l’évolution climatique, aux conséquences catastrophiques actuelles mais aussi à celles, plus importantes encore, pour l’avenir.

Par ailleurs, une évolution dans la conscience collective est indéniablement en cours. Chacun, à son niveau personnel, constate les pluies diluviennes jamais observées jusqu’ici, la fréquence des inondations, des tempêtes et la perturbation des saisons. Les records de températures enregistrés en 2015 confirment « qu’il se passe quelque chose ». Tout comme ceux qui habitent en France, dans Les Landes et en Gironde, au bord de l’Atlantique, voient de leurs yeux l’Océan grignoter et faire reculer la cote d’une manière alarmante.

Enfin, les multiples reportages télévisés sur des régions éloignées de notre pays apportent, chaque jour ou presque, la preuve du dérèglement en cours.

L’idée qu’il est plus que temps de réagir a fait son chemin. Déjà, les plus gros émetteurs de carbone : la Chine et les Etats Unis ont exprimé leur accord pour réduire leurs émissions. Mieux mêmes, les Chinois se sont lancés massivement dans la production d’énergies renouvelables : éoliennes, solaire, hydroélectrique, etc… On assiste au même phénomène dans de nombreux Etats.

Le terrain pour la négociation qui va se dérouler à Paris dans les prochains jours est donc favorable. Il l’est d’autant plus que beaucoup de femmes et d’hommes de par le monde ont découvert que, si les combustibles fossiles ont rendu possible une formidable évolution de l’humanité, ils sont désormais en voie d’épuisement mais aussi à la source des pollutions et de leurs conséquences. Jusqu’ici réservés pour évoluer vers d’autres sources d’énergie, c’est-à-dire le renouvelable, ils admettent maintenant qu’il est inéluctable que s’engage une transition conduisant à un changement plus fondamental.

Certes, il va falloir faire face à des résistances majeures. Jamais le monde n’a été appelé à une telle évolution. Bousculer les habitudes au niveau des Etats, mettre en œuvre, à grande  échelle, le recours aux énergies propres, tout cela constitue une aventure face à laquelle la tentation de reculer pour ne pas changer les modes de vie ne manquera pas de se manifester avec force.

Les dirigeants politiques qui vont se réunir à partir du 30 novembre ne devront pas être démunis de courage pour définir des positions qui iront, sans doute, à contre-courant d’une partie de leur électorat.

Ils parviendront à trouver les voies et moyens d’un consensus s’ils croient que le traité auquel ils vont réfléchir et travailler doit dépasser les petites contingences nationales, les réticences du secteur marchand et s’ils sont persuadés qu’une économie à faible émission de carbone est possible, mieux qu’elle est déjà en voie de réalisation et qu’elle évitera morts et migrations climatiques majeures.

Le pire sans doute pour tous ces hommes habitués, le plus souvent, à gérer le court terme, gage des succès électoraux, sera de dépasser cette façon de voir les choses. Ils devront admettre que leurs décisions porteront leurs fruits dans quinze ou vingt ans et donc qu’ils ne pourront immédiatement s’en prévaloir, bref, qu’ils agiront pour l’avenir. Sauront-ils être à la hauteur de ce défi lointain mais crucial ? Sauront-ils, pour l’immédiat, se contenter de l’affichage d’un éventuel succès formel plutôt qu’à fruits immédiats ?

Là est, en fait, le défi qu’ils auront à relever dans un contexte de violence, d’attentats et de guerre contre des obscurantistes qui eux n’ont en tête que de déstabiliser le monde occidental.

En maintenant la réunion de la COP 21 et en y participant, Obama, Xi Jinping, Poutine, Merkel, Hollande et tous les chefs d’Etats qui interviendront dans les  discussions ont déjà donné une première réponse : il faut continuer à vivre malgré les menaces et les peurs (1). Espérons qu’ils seront conscients aussi que le monde civilisé et démocratique doit certes se débarrasser du terrorisme mais corrélativement se donner les moyens de se protéger des dérèglements climatiques, garantie pour chacun, où qu’il soit sur la planète, d’une existence dégagée des emballements de la nature perturbée par les excès des hommes.

Jean Félix Madère

Le 24 novembre 2015

 

(1) Il n’est pas excessif ici de souligner, comme pour l’évolution climatique, que les résultats dans la lutte contre le terrorisme prendront des années. Là aussi beaucoup des actions actuelles s’inscrivent dans le long terme et sont donc destinées, pour l’essentiel, à assurer la sécurité à nos enfant, c’est-à-dire à garantir l’avenir de l’humanité.

 

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