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les propos de madère
8 décembre 2014

les propos de Madere

 

 

N°1

L’étoile polaire

 

Petit rappel nécessaire

Le peuple de gauche est, à l’heure actuelle, en grande interrogation.  Que fait le gouvernement ?  Pourquoi donne-t-il l’impression de s’éloigner  autant de ce qu’on peut attendre de la gauche au pouvoir ? Pourquoi tant de cadeaux au patronat et si peu de mesures favorables aux salariés, aux pauvres et aux chômeurs ?

On ne peut répondre à ces interrogations sans replacer la réflexion dans le temps et resituer, à grands traits, dans quel contexte la gauche est arrivée au pouvoir en mai 2012. Le mandat de Sarkozy (2007-6 mai 2012) a été calamiteux à plus d’un titre. Si déplorable qu’existait dans le pays une phénomène de rejet sans précédent tant au plan de la politique menée que du comportement personnel du chef de l’Etat.

Sarkozy a laissé la France avec 5 à 600 milliards de dettes supplémentaires, un chômage en très forte hausse et l’ensemble des comptes sociaux en grande difficulté.

Fillon, alors premier Ministre, dans un éclair de lucidité et de franchise n’a pas hésité à dire « qu’il était à la tête d’un état en faillite ».

Tel a été, dit rapidement, l’héritage économique laissé par la droite en mai 2012. François Hollande, au lendemain de son élection, a commis – admettons-le  - l’erreur de ne pas informer, solennellement, les Français de la situation catastrophique qu’il trouvait et de ne pas prendre, immédiatement, au-delà du programme sur lequel il avait été élu, des mesures de redressement qui auraient été comprises et acceptées par tous.

Ainsi beaucoup, peu au fait des questions économiques, ont cru que, comme à chaque fois que la gauche accède au pouvoir, allait être remise en vigueur une politique d’avancées sociales. Le souvenir de Blum, de François Mitterrand mais aussi, plus près de nous, de Lionel Jospin continue de vivre dans la mémoire collective.

Hélas, avec des caisses vides on ne peut guère se montrer dispendieux. François Hollande, à peine installé à l’Elysée, a indiqué que la première partie de son quinquennat serait consacrée au redressement et la deuxième partie à une politique plus redistributive rendue possible par les efforts accomplis durant les deux premières années de son mandat.

Il a voulu néanmoins s’engager, croyant être positif,  avec Jean-Marc Ayrault, dans une réforme sociale promise durant sa campagne électorale : le mariage pour tous. Il a ainsi donné l’occasion aux forces conservatrices, sonnées par la défaite de Sarkozy, de se remobiliser sur un thème forcement clivant. Manifestations après manifestations, le ton est monté et de fait, la société s’est trouvée bousculée au lieu d’être apaisée. Cette réforme a malgré tout été votée.

Cependant, quoiqu’on pense du mariage pour tous, c’est sans doute de là qu’est parti le climat certes anti Taubira qui a porté la loi, mais surtout le fameux Hollande bashing s’exprimant par une mise en cause permanente de tout ce que fait ou entreprend le président de la République.

De l’image de président normal qu’il voulait donner il est passé au stade d’hypo président haï tant par la presse que par une large partie des Français. Sa cote de popularité a plongé dans des proportions considérables. Disons-le, du jamais vu depuis le début de la cinquième République. Très vite les attaques ont dépassé la critique de sa politique pour se transformer en attaques ad hominem vraiment intolérables. Cela est d’autant plus vrai que beaucoup de ceux appartenant à la  gauche n’hésitent pas à ajouter leurs voix au concert détestable de ceux de droite, d’extrême droite et d’extrême gauche qui se gaussent de telle ou telle attitude personnelle du président de la République.

C’est sur ce fond très défavorable que, sous l’impulsion de François Hollande, Jean-Marc Ayrault et maintenant  Manuel  Valls tentent de mettre en place une double politique : lutte contre les déficits, dispositifs favorables – du moins l’espèrent-ils – à l’emploi. La lutte contre les déficits les a amenés à augmenter sensiblement les impôts : plus 30 milliards depuis 2012. Ici, il ne faut pas oublier que le gouvernement Fillon a, durant la fin de mandat de Sarkozy, augmenté lui aussi les impôts de 30 milliards. Il est clair que l’addition des deux a fortement pesé sur les ménages qui aujourd’hui demandent grâce et pestent uniquement contre la gauche. C’est la loi du genre : les Français s’en prennent toujours à ceux qui sont aux affaires et oublient le passif de ceux qui ont dirigé le pays durant dix ans…

Pour retrouver de la croissance et donc de l’emploi, Hollande a considéré qu’il convenait d’aider en priorité les entreprises. Un dispositif onéreux et compliqué à mettre en place a été décidé. Pour l’immédiat on n’en voit pas les résultats alors que des sommes conséquentes ont été versées au patronat. Cela justifie la colère de beaucoup de gens de gauche qui, s’ils comprennent la nécessité d’alléger les charges patronales, souhaiteraient qu’une meilleure répartition de la redistribution soit plus équitable entre salariés et entreprises.

On n’arbitrera pas ici entre ceux qui disent que l’effort en direction des entreprises est encore insuffisant et ceux qui voudraient diviser par deux cet effort en le répartissant plus justement. En effet, on ne peut juger de la pertinence d’une politique qu’avec un peu de recul. Or, il est évident qu’il faudra du temps pour y voir clair.

Il y a même fort à parier que si cette politique, dite de l’offre, obtient des résultats ils ne viendront que dans trois ou quatre ans. Il se pourrait ainsi que dans l’hypothèse où la droite reviendrait au pouvoir c’est elle qui obtiendrait le bénéfice d’un dispositif qu’elle ne cesse de critiquer en le déclarant insuffisant !

On mesure ici la difficulté de l’entreprise.

Les caisses étant vides le gouvernement, après avoir épuisé « tout ce qui avait à gratter » dans le domaine des impôts, cherche à réformer partout pour rentrer dans les 3 % de déficit  et donner des marges de manœuvre aux  entreprises. Cela se matérialise par des réflexions sur ce qui touche au code du travail, seuils sociaux, travail du dimanche, travail de nuit, aux allocations chômage et aux comptes sociaux.

Tout cela heurte profondément la  gauche. On le comprend. C’est ici qu’on doit s’interroger sur la possibilité d’une autre politique. Là encore on ne prendra pas parti. On se bornera à susciter simplement la réflexion.

 

Des pistes de réflexion

Que peut-on faire ? Ignorer les déficits, sortir de l’Europe, abandonner l’Euro, remettre en cause la politique d’allègement  des charges ? Peut-on prendre le risque de voir le taux des emprunts monter en flèche ?  Voilà des pistes…

Ou faut-il aller chercher au niveau de l’Europe des décisions visant à alléger les effets d’une nécessaire rigueur pour redresser l’économie sans pour autant verser dans l’austérité ?

Ou convient-il plus simplement de moduler la politique actuelle, mieux équilibrer les efforts, redonner de la visibilité en expliquant, autant qu’il  est possible, jusqu’où on peut aller dans le retour à des mesures ne donnant pas l’impression qu’on ne pense plus aux salariés ? Voilà  d’autres pistes…

Pendant que nous réfléchissons et qu’une partie de la gauche s’éloigne de plus en plus de tout soutien à la politique  de la majorité gouvernementale – triste spectacle -  la droite se livre à une véritable « course à l’échalote » dans les programmes qu’elle concocte en vue de l’élection de 2017. Les candidats potentiels se déchaînent. L’un prône 100 milliards d’économies, l’autre 110 milliards. Les mêmes veulent revenir à la suppression d’un fonctionnaire sur deux. Certains annoncent qu’il faut supprimer 600.000 emplois de fonctionnaires. D’autres encore prônent l’enterrement du statut de la fonction publique et proposent d’en venir à des contrats limités à cinq ans. Pour la retraite, ils sont tous d’accord pour repousser l’âge du départ à 65 ans. Avec quelques nuances ils annoncent une révision drastique du code du travail. Le plus gonflé d’entre eux allant jusqu’à dire qu’il faut le réduire à 150 pages.

 

On le voit, la droite n’y va pas de main morte et la gauche apparaît, en vérité, bien plus mesurée dans les dispositions à prendre pour redresser le pays.

 

Les choix

Alors, il appartient à chacun de s’interroger. Les hommes et les femmes de gauche, plus que tous les autres, devront, à un moment ou à un autre, choisir. Ou continuer à donner leur confiance à ceux qui, pour l’essentiel, en dépit d’erreurs, d’hésitations, voire de loupés, ou de réformes discutables, incarnent une société plus juste, ou ils devront opter, comme déjà beaucoup l’ont fait, pour ceux qui prônent les solutions extrêmes sous prétexte « qu’on ne les a jamais essayés » ou encore, par dépit, se rallier à une droite en voie de thachérisation.

Là sont les choix. Ils vont être d’autant plus difficiles à faire pour le plus grand nombre que presse et télévision installent d’emblée le Front national au deuxième tour de l’élection présidentielle. En outre, on présente de plus en plus cette formation politique comme la solution.

Beaucoup de Français ont la mémoire courte ; beaucoup aussi n’ont pas le temps de lire, de s’informer et de se former une opinion en plein connaissance de cause… alors, ils se fient à ceux qui parlent fort ou à des bribes d’information. Or, cette information est orientée, manipulée. Alors, le rôle des citoyens avertis, et de tous ceux qui ont un engagement politique à gauche, est de démystifier, d’expliquer sans cesse, de faire le tri ente l’accessoire d’une politique et l’essentiel. Cela n’empêche pas, en interne, de discuter,  de demander  à ceux  qui nous gouvernent, des infléchissements. Il faut lutter contre le pessimisme ambiant et la critique systématique.

L’étoile polaire, lorsqu’on est de gauche, est de soutenir son camp surtout lorsqu’il est en difficulté et ne fait pas tout ce qu’on voudrait qu’il fasse.  L’espérance n’est pas dans le retour au pouvoir des conservateurs – ils ne feront rien pour la classe ouvrière – et encore moins dans les extrêmes qui en plus risquent à terme de mettre en cause la liberté.

Le choix devrait être clair.

 

 

                                                                                   Jean-Félix  Madère

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