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les propos de madère
21 décembre 2014

Les propos de Madère

Mise en condition

 

La presse de droite, singulièrement Le Figaro, multiplie les sondages visant à démontrer que la gauche va disparaître ou presque à l’occasion des prochaines échéances électorales.

Ces sondages, sans nuances, sont loin d’être innocents.  On peut douter de leur fiabilité tant les réponses avancées dépendent de la façon dont sont posées les questions. Ils sont largement repris par l’ensemble des medias – y compris par la presse dite de gauche – et, en particulier, par les chaînes infos.

Ces chaînes, désormais présentes dans l’ensemble des foyers grâce à la TNT, ont un caractère répétitif favorable à l’imprégnation des informations qu’elles diffusent. Ainsi s’accrédite, progressivement, au travers de ces « études d’avenir électoral », répétées à l’envi, l’idée que les partis de gauche vont être laminés lors des prochaines élections départementales et régionales.

Certes, l’honnêteté conduit à dire que les récentes élections partielles vont, dans une certaine mesure, dans le sens de la tendance annoncée.

Ceci admis, il n’est pas inutile de souligner que la majorité de ces élections a connu un taux d’abstention record frisant ou dépassant les 70 %. Cela relativise les « triomphes » de la droite. Ce taux d’abstention est à mettre au débit de l’ensemble des partis de gouvernement. Soulignons aussi que depuis toujours ceux qui sont aux affaires – les mains dans le cambouis de la  gestion quotidienne et des réformes difficiles – subissent plus que les candidats de l’opposition les effets du rejet de leur politique. Ici la droite devrait se souvenir que, sous le mandat de Sarkozy, elle a perdu toutes les élections, sans exception. Elle n’a pas disparu pour autant. Aujourd’hui, forte de quelques succès, elle parade et ne cesse d’ironiser sur le déclin de la gauche dont elle persiste, depuis 2012, à contester sa légitimité au pouvoir.

Soit dit en passant, elle omet, le plus souvent, de reconnaître que ses candidats profitent de  l’attitude républicaine des socialistes appelant, sans barguigner, à voter à droite lorsqu’ils ne peuvent se maintenir au second tour.

Phénomène plus inquiétant encore, on assiste, depuis quelque temps, à un conditionnement, espérons-le involontaire, de l’opinion venant du sein de la gauche elle-même. Ainsi, maints responsables, à tous niveaux ou presque, vont répétant : la «déculottée » est inéluctable lors des prochaines consultations ; d’autres distillent, avec sérieux, l’idée que la gauche se meurt ! Tous ces gens, dans une sorte de recherche, espérons-le encore, d’une sorte de catharsis,  démobilisent leur propre électorat. Celui-ci est de fait conditionné à l’idée de défaite. Ce courant est d’autant plus fort que les différentes composantes de la gauche ne cessent de se critiquer, voire de s’insulter, laissant apparaître l’impossibilité d’union, condition sine qua non à l’espérance de modification des intentions de l’opinion.

Comme si cela ne suffisait pas, influencés sans doute par les sondages, beaucoup considèrent – dans tous les partis – que le Front national va fortement progresser lors des échéances intermédiaires et que sa candidate sera, automatiquement, au second tour de la présidentielle !

Nous touchons là à la mise en condition suprême.

Loin de nous l’idée que l’avenir va être facile pour la gauche. Cependant, elle peut encore se reprendre. Elle doit cesser de s’auto flageller et ainsi de se détruire elle-même.

Il est urgent, même si de toute éternité la gauche cultive le débat en son sein, qu’elle arrête les confrontations secondaires que l’opinion ne comprend pas.

Il lui faut mener le combat singulièrement auprès de l’électorat jusqu’ici si fortement abstentionniste. Là sont une bonne part des réserves de voix. Enfin, elle doit démythifier la réalité de l’évolution démocratique du Front national  qui attire parce qu’il n’a jamais connu les vicissitudes de l’exercice du pouvoir et les déceptions qui lui sont liées. De même, il est indispensable de mettre en lumière le comportement de la droite revancharde qui épouse, malgré ses dénégations, beaucoup des propositions et comportements du Front national en les complétant de dispositifs économiques directement inspirés de la politique thatchérienne.

Ainsi, tous les gens de progrès qui ne veulent pas voir se vérifier les sondages annonçant les défaites de la gauche seraient bien inspirés de prendre leur part à l’action à mener pour faire face à cette formidable mise en condition de l’opinion qui va s’amplifier dans les semaines à venir dans la perspective des élections départementales.

Souvenons-nous qu’on ne perd que les combats qu’on ne mène pas.

 

Jean Félix Madère

Le 21 décembre 2014

 

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