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les propos de madère
29 octobre 2015

Les propos de Madère - Cruel dilemme ?

Cruel dilemme ?

Nous sommes à la veille des élections régionales. Les sondages foisonnent. Ils conduisent les partis politiques à s’interroger sur leur stratégie et les observateurs les plus divers à s’intéresser, d’ores et déjà, au second tour de cette consultation  électorale.

On échafaude, ici et là, maintes hypothèses. Que feront droite et gauche si l’une ou l’autre arrive en troisième position au 1er tour ? Tout le monde semble accréditer l’idée que le Front national, en tout état de cause, sera le plus souvent premier ou, au pire, second. De même, la quasi-unanimité des sondages montre que la troisième place échoira, de manière quasi automatique, au Parti socialiste dans une dizaine de régions.  Cette perspective rassérène les Sarkozystes. Ils espèrent  la victoire au second tour dans ces régions et ne se sentent pas, ainsi, concernés – ou font semblant de le croire – par tout ce qui tourne autour de la constitution du Front républicain, considéré, à tort ou à raison, comme indispensable pour faire barrage à l’extrême droite.

Pour beaucoup, la patate chaude est dans le camp de la gauche, singulièrement dans celui des Socialistes.

Convenons qu’il s’agit là d’une manière particulière de voir les choses. En effet, la campagne vient juste de s’ouvrir et seuls les sondages – même s’ils sont assez constants – permettent de raisonner ainsi. Certes, personne ne croit à un grand succès du PS mais, à ce jour, les données en notre possession n’autorisent pas d’être aussi affirmatifs à propos des résultats des 6 et 13 décembre prochains.

Quelle est la situation ? Dans trois régions (Bretagne, Aquitaine-Limousin- Poitou-Charentes et Languedoc Roussillon – Midi Pyrénées) la gauche sort en tête ; dans trois autres (Normandie, Bourgogne-Franche Comté, Ile de France) la droite et la gauche sont sur des résultats quasi-identiques. La marge d’erreur des sondages n’autorise donc pas d’exciper d’une victoire de l’un ou de l’autre.  Annoncer la défaite en rase campagne de la gauche relève ainsi de l’intox ce d’autant plus que nous sommes encore loin du premier tour et cela fait litière du combat politique qui va aller en s’intensifiant.

Ce combat politique va se doubler d’un intense combat d’opinion que mène déjà une bonne partie de la presse. Maints éditorialistes sont, depuis des mois, dans le « Hollande bashing » et dans un antisocialisme primaire. Maintenant, en sus, leur angle d’attaque vise à concentrer leur questionnement sur le deuxième tour des régionales. Passant outre la fragilité des pronostics sondagiers, ils interrogent tous les leaders de gauche avec un seul but : savoir quelle sera la position du  PS à ce moment-là.

Ils évoquent ainsi les divers scenarii possibles.

Quelques dirigeants tombent dans le panneau et, n’attendant pas les résultats du 1er tour. Les uns se prononcent pour le Front républicain, d’autres prônent le retrait des candidats socialistes, d’autres encore vont jusqu’à se dire partisans de la fusion des listes ex UMP/PS, d’autres aussi se déclarent pour le maintien des listes de gauche quoi qu’il arrive (1).  Tout cela constitue de graves erreurs et revient à admettre la défaite sans combattre.

Observons que la direction du Parti socialiste et le gouvernement se montrent plus réalistes, même si Manuel Valls, par des déclarations ambiguës récentes, a jeté le trouble à gauche. Ils ne désespèrent pas, malgré les déceptions et les doutes, de mobiliser une large part des abstentionnistes de gauche.

C’est dans cet esprit que les socialistes souhaitent mener le combat politique dans les semaines qui viennent. C’est d’autant plus nécessaire à leurs yeux que la droite Sarkozyste n’est pas au mieux. Elle est, en effet, à la fois très occupée par la course à l’échalote dans la reprise des thèmes extrémistes, ce qui détourne d’elle bon nombre d’électeurs, et dans la bataille à mort des chapelles des  présidentiables en vue de leur prochaine primaire.

Au vrai, le néo parti républicain n’est pas très flambant. Il profite pour l’essentiel de la division actuelle de la gauche, de la mansuétude de la presse à son égard qui, le plus souvent, ne fait que faiblement écho à ses turpitudes et monte en épingle la moindre déclaration de l’ancien Président de la République et de quelques-uns de ses affidés. Ainsi tout un foin est fait autour du voyage de Sarkozy à Moscou.

La forteresse de droite est en réalité fragile. Elle l’est d’autant plus que la gauche dans son ensemble, qui dirige la quasi-totalité des régions depuis six ans, peut faire état de bons bilans dans tous les domaines.

Bref, à moins que l’électorat de gauche se laisse impressionner par les journaux et médias détenus pour l’essentiel par les Bolloré, Dassault et Pinault roulant tous pour les différentes composantes de la droite, tout est encore possible.

Encore faut-il qu’ils affrontent les adversaires y compris le Front national ainsi que les sortes d’épigones de Le Pen que sont les Estrosi, Bertrand ou Wauquiez. C’est cela la bataille qu’ils doivent mener. Reconnaissons que la grande majorité des militants et responsables socialistes y sont pleinement engagés.

Ils savent que ce n’est pas en étant des capons sensibles aux campagnes d’intoxication de l’opinion que ce genre de bataille se gagnera.

Certes, la mitraille de tous les organes de presse est telle que rien n’est facile pour eux. « La pince à prise multiple » que constituent l’extrême droite, la droite et l’essentiel des médias est à l’œuvre. Tous les moyens sont bons pour installer l’idée de la défaite de la gauche.

La stratégie consistant à parler d’ores et déjà du 2ème tour est un élément important des adversaires du Parti socialiste mais aussi de l’ensemble des formations ayant vocation naturelle à s’unir au lendemain du 1er tour. Sans doute eût-il mieux valu réaliser cette union plus tôt mais il ne sera pas trop tard le 6 décembre pour réaliser ce rassemblement.

Une campagne électorale vigoureuse et en quelque sorte boostée par un rassemblement peut changer la donne.

Ainsi sera surmonté ce fameux dilemme du 2ème tour, ce piège tendu à la gauche par un Sarkozy étrangement patelin en ce moment. Ce genre d’attitude du chantre du ni-ni est plus qu’ambigu. Le Front Républicain ne l’intéresse que lorsque la gauche appelle à voter pour ses candidats ou se désiste en leur faveur. C’est beaucoup de culot de sa part. Il méconnait en plus l’état d’exaspération de l’électorat de gauche à son égard.

Aussi, pour l’immédiat, le PS a tout intérêt à demeurer sur la réserve sur ce qui sera décidé au soir du 1er tour et de mener intensément campagne, notamment en direction des abstentionnistes. Là est le chemin. Il n’y a pas de dilemme.

 

Jean Félix Madère.

(1)            Dans la mesure où l’électorat au 2ème tour - et ce n’est pas évident - suivrait les consignes de vote du PS ou plus largement de la gauche, il n’est pas inutile de rappeler que :

a)    L’hypothèse Front républicain, ou sa variante le désistement républicain, reviendrait à assurer l’élection des candidats de l’ex UMP et écarterait la gauche, pour six ans, de toute présence au sein des exécutifs régionaux ;

b)    Le retrait des listes socialistes aurait le même effet.

c)     La fusion des listes ex UMP/PS ou gauche, d’évidence contre nature et difficile à expliquer au soir du 1er tour, aurait aussi pour conséquence une présence minorée et dévaluée de la gauche dans les exécutifs régionaux.

d)   Le maintien des listes socialistes « quoiqu’il arrive », c’est-à-dire sans un soutien effectif des autres formations de gauche, n’a pour intérêt que d’offrir éventuellement quelques postes. Cette stratégie n’empêcherait sans doute pas la victoire en siège du FN. D’aucuns, à l’instar de Malek Boutih, espèrent néanmoins qu’il pourrait y avoir une alliance tactique PS/exUMP permettant de barrer la route au FN pour accéder à la Présidence de région à moins que l’UMP s’allie au Front national. On entre là dans les manœuvres politiciennes absolues …

Convenons que tout cela n’est guère reluisant. A chacun de se faire une opinion mais  il faut se garder de mettre la charrue avant les bœufs. Nous sommes dans le temps de la campagne. Que les partis exposent leurs programmes, aillent chercher ceux qui se détournent de la politique. Pour l’instant, dans de nombreuses régions, rien n’est joué. Ceci vaut tant pour la droite que pour la gauche.

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